ROSA

  • Textes : Rosa Luxemburg
  • Adaptation et mise en scène : Sébastien Accart et Nina-Paloma Polly
  • Interprétation : Nina-Paloma Polly
  • Lumière : Maëlle Payonne
  • Création sonore : Charlotte Boisselier

Ce spectacle à été créé à la Maison des métallos en juin 2017.

Ce projet est soutenu par le CENTQUATRE-Paris, la Maison des métallos, le Jeune Théâtre National, la Parole errante, la Factorie - maison de la poésie et la compagnie La Multinationale.

Monologue au crépuscule

Rosa Luxemburg passe de la description d’un ciel au souvenir d’un poème, d’une réflexion politique à la couleur des pavés, pour terminer par une pensée sur le trajet des fourmis. Autant d’éléments qui constituent une pensée toujours en mouvement et vivante, qui se construit sous nos yeux. Vivre avec ces textes éveille en nous des désirs, l’envie d’imaginer d’autres possibilités de vivre ensemble.

L’humeur joyeuse de Rosa Luxemburg qui peut s’extasier au chant des oiseaux et leur parler, confondre ses larmes avec celles des animaux, se révolter toujours contre toutes les injustices et les atteintes à la liberté, imaginer des alternatives possibles au capitalisme, et proposer un regard plein d’espoir sur l’homme, est pour nous la porte s’ouvrant vers les joies du partage et de l’engagement.

Sébastien Accart et Nina-Paloma Polly s’associent pour dialoguer sur la conception d’un spectacle dont l’ambition est de partager la pensée de Rosa Luxemburg et voir comme elle résonne aujourd’hui pour nous.

Le texte est composé d’extraits choisis des lettres que Rosa Luxemburg a écrit à ses amis entre 1914 et 1918, alors qu’elle était en prison. L’aspect épistolaire a disparu car il s’agit ici de faire entendre une pensée et non de reconstituer le personnage historique. Ainsi au fur et à mesure du travail, nous avons enlevé les adresses aux destinataires, et fait un montage de telle sorte que le texte devienne du discours direct.

Dans un premier temps, nous avions choisi des textes dans lesquels Rosa Luxemburg parle de la nature. La question était de voir s’il était possible de prendre le temps sur scène de parler d’un ciel, de fleurs ou de la disparition des oiseaux chanteurs en Allemagne. Se séparer du spectaculaire, du dramatique, pour entrer dans une parole intime, dans une temporalité proche du réel : quelqu’un vient raconter la promenade qu’il a faite et les réflexions qui lui sont venues. Les répétitions se sont organisées autour de la lecture de différents textes de l'œuvre de Rosa Luxemburg (ses articles parus dans diverses revues et textes tels que « Grèves de masses », « Parti et syndicats », « La crise de la social-démocratie », « Que veut la ligue Spartakiste ? », son discours de Francfort en 1914, etc...) Toujours, cette pensée singulière nous conduisait à notre propre histoire.

Petit à petit, découvrant ces textes, nous avons décidé d’en ajouter certains, nous permettant de passer, sans transition, de la description d’un paysage, de l’organisation rigoureuse d’une fourmilière à une réflexion politique de Rosa Luxemburg. Il nous a semblé que ce rapport si intime, un rapport animiste, que Rosa entretient avec la nature est indissociable de la façon dont elle conçoit l’homme et dont elle s’engage politiquement.

Ce spectacle est, à l’image de nos répétitions, une conversation. Il n’y a pas de quatrième mur, l’actrice parle au public, l’espace de la scène et celui du public est le même.

La lumière, travaillée par Maelle Payonne, évoque des espaces et des sensations. Sans suggérer la prison de manière frontale, on commence par une lumière froide, de néon, qui pourrait aussi être la lumière d’une usine. Puis, comme si la lumière naissait du texte et offrait des ouvertures, on passe à un rayon de soleil qui semble entrer par une ouverture, une fenêtre, à un coucher de soleil qui ouvre l’espace vers un extérieur : cette heure du crépuscule, chère à Rosa Luxemburg. Les changements de lumières sont très délicats et imperceptibles, quasi cinématographiques. De la même manière, des interventions sonores proposées par Charlotte Boisselier, parfois imperceptibles, parfois proposant une rupture avec le texte évoquent l’idée d’un extérieur, d’une vie autour de la salle qui nous ramène au présent et dialoguent avec la parole. Une moto qui passe, des oiseaux, une mélodie au lointain.